Parmi ses ouvrages :
Le Crépuscule des Lumières (Cerf, 1996)
Philosophie des âges de la vie (en collab. avec Eric Deschavanne, Grasset, 2007 ; rééd. Hachette Pluriel, 2008)
Qui doit gouverner ? Une brève histoire de l’autorité (Grasset, 2011)
Tous paranos ? (en collab. avec Laurent Bazin, Ed. de l’Aube, 2010)
Petit almanach du sens de la vie (Livre de Poche, 2013)
Faire ou ne pas faire son âge (Ed. de L’Aube, 2015)
L’abeille (et le) philosophe, (en collab. avec F. Tavoillot, Odile Jacob, 2015)
Il a été conseiller auprès du Ministre de l’Education Nationale (2000-2002), membre du Conseil National des Programmes (1993-2004) ainsi que du Conseil d’Analyse de la Société (près le Premier Ministre, 2004-2013).
THEMES D’INTERVENTION
Brouillage dans les âges de la vie
Une sortie de l’enfance de plus en plus en précoce, mais une entrée dans l’âge adulte de plus en plus tardive. Une jeunesse adorée, mais qui peine à s’intégrer dans la vie active ; une vieillesse ennemie, mais plus durable et confortable que jamais. Comment penser le brouillage des âges aujourd’hui dans le contexte d’une vie plus longue ? Jadis les étapes étaient claires et les âges des statuts, presque des « uniformes » ; aujourd’hui tout devient mouvant et « négociable », à tel point que plus personne ne semble vouloir « faire son âge ». Quels sont les enjeux des métamorphoses contemporaines des âges dans la vie familiale, professionnelle et civique ? Que signifie être adulte dans ce contexte d’incertitude et de changement permanent ?
La nouvelle montée des peurs
Comment expliquer la montée des peurs dans nos sociétés pourtant hypersécurisées ? Notre époque a vu l’augmentation de l’espérance de vie, la fin des grandes épidémies, la disparition des guerres de notre horizon immédiat, le recul spectaculaire de l’homicide … autant d’éléments qui devraient nous réjouir et réconforter ! Mais au lieu de cela, notre temps est taraudé par les peurs de toutes sortes, des phobies alimentaires aux angoisses à l’égard des catastrophes climatiques ou financières. Et nous n’en avons même plus honte ; la peur est presque devenue un devoir, une vertu, … une sagesse. Qui ne tremble point commet aujourd’hui le triple péché d’ignorance, d’insouciance et d’impuissance. Sommes-nous entrés à l’âge paradoxal du « trouillocène » avancé ? Faut-il avoir peur de cette montée des peurs ?
Les métamorphoses de l’autorité
On n’a jamais autant parlé de l’autorité depuis qu’elle est en crise. Dans la famille, qui a vu l’avènement triomphal de l’enfant-roi ; à l’école, où l’admiration muette pour le maître ne sont plus que de pâles souvenirs ; dans la Cité même, qui a vu la capacité à gouverner, à ordonner et à punir, se réduire comme une peau de chagrin. Le père de famille, le maître d’école, le chef politique, le juge : aucune des figures traditionnelles de l’autorité ne paraît plus être à même de résister aux coups de boutoir d’une époque – la nôtre –, dont l’anti-autoritarisme fut, est et sera le cheval de bataille. Vivons-nous la fin ou la métamorphose de l’autorité à l’âge hypermoderne ? Comment l’autorité se reconfigure-t-elle à l’âge démocratique ?
La fin du travail ?
Moins le travail occupe notre temps, plus il nous prend la tête. Tel est le paradoxe du travail aujourd’hui. D’un côté, en effet, le labeur ne représente plus désormais qu’une part infime de nos existences : il commence plus tard (vers 23 ans en moyenne pour les jeunes Français) ; il finit plus tôt (la retraite arrive vers 65 ans), avec une durée hebdomadaire moindre (35 heures), alors même que nous vivons plus longtemps que jadis (environ 80 ans). Le calcul est simple : cela fait environ 10 % de notre temps de vie, autrement dit : pas grand chose. Mais, d’un autre côté, jamais ce travail n’a été autant l’objet de nos soucis et de nos préoccupations : c’est la grande angoisse de ceux qui n’en ont pas encore (les jeunes) ou qui n’en ont plus (les chômeurs) ; et c’est la grande souffrance de ceux qui en ont mais trouvent toujours qu’ils en ont trop. Comment penser ce paradoxe d’un travail qui oscille entre rêve et cauchemar ?
Hommes/Femmes : les nouvelles règles du jeu
Si le terme de révolution n’était pas aussi galvaudé ni malaisé d’usage, il aurait toute sa place pour désigner ce qui s’est passé depuis une centaine d’années, voire une cinquantaine d’années. Durant cette période la condition de la femme a davantage changé en Occident que pendant tous les millénaires antérieurs : affranchies des servitudes immémoriales liées à la procréation, exerçant toutes les activités professionnelles, les femmes battent en brèche les citadelles masculines. Mais précisément, après cette révolution : comment penser les nouvelles relations hommes/femmes ? Sont-elles vouées à la conflictualité ou, au contraire, à l’indifférenciation ? Ou assiste-t-on, après le féminisme, à une reconfiguration des relations entre les sexes ?
La crise des valeurs ou les valeurs de la crise
Y a-t-il une crise des valeurs ? Sommes-nous voués à cette « perte des repères », que l’on entend affirmer de toute part ? Tout le laisse à penser, puisque notre univers hypercapitaliste semble nous condamner à une société d’hyperconsommation. Celle-ci emporte tout, contamine tout, même ce qu’il y avait jadis de plus sacré ou de plus gratuit. Et pourtant, si l’on examine sans parti pris les « valeurs » dans le monde, c’est-à-dire ce qui, pour un individu, fait qu’une vie vaut la peine d’être vécue, on perçoit une remarquable stabilité : famille, travail, spiritualité, … ces notions, en dépit de tous les bouleversements de notre époque, demeurent celles qui recueillent un assentiment général. Comment expliquer ce décalage entre, d’un côté, la persistance des valeurs ; et de l’autre, le sentiment de leur disparition ?
Les dilemmes de la justice
Le philosophe et prix Nobel d’économie, Amartya Sen, a inventé une jolie fable pour évoquer les dilemmes de la justice à l’âge contemporain. Il nous met dans la position d’une espèce de juge Salomon ayant pour mission d’attribuer une flûte à trois enfants (Anne, Carla et Bob) qui se la disputent. Chaque enfant vient plaider sa cause à tour de rôle. Anne la revendique parce qu’elle est la seule à savoir jouer de cet instrument (et, qui plus est, fort bien). Carla vient ensuite et la réclame, pour sa part, en indiquant qu’elle a passé un temps considérable à la fabriquer. Quant à Bob, il défend sa cause en arguant qu’à la différence des deux autres il ne possède aucun jouet. Cette petite histoire résume très bien les trois grandes options modernes de la justice. On peut en effet attribuer à chacun en fonction de ses talents (Anne), en fonction de ses mérites (Carla) ou en fonction de ses besoins (Bob). Comment trancher ? En quel sens, cette fable nous révèle-t-elle la place (démesurée ?) de la justice dans notre vision du monde ?
Authenticité ou performance ?
Notre époque réputée laxiste et évanescente en matière éthique pourrait bien, à y regarder de près, se révéler être la plus contraignante. Qu’on juge : nous devons aller bien du matin au soir, être heureux tout au long de notre vie, avoir toujours de nouveaux projets plein la tête et être en pleine forme physique, morale et spirituelle à longueur de temps. Mais, plus grave encore, ces normes contemporaines nous placent dans une redoutable double contrainte ; car ce que l’on nous demande, c’est finalement à la fois et en même temps : d’être nous-même et d’être plus que nous-même ; de nous accomplir et de nous dépasser ; d’être authentique et d’être performant. Comment penser cette contradiction qui concerne tous les domaines de la vie d’aujourd’hui : l’affectif et le professionnel, le privé et le public, l’intime, le familial, le social, l’économique et le politique ?
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