Ferry, Luc

Thématiques : l’éducation, le sens de la vie, le monde de demain

Philosophe, Écrivain, ancien Ministre de la Jeunesse, de l’Education nationale et de la Recherche (2002-2004). Il est devenu professeur agrégé de philosophie en 1975, agrégé de sciences politiques en 1982, docteur d’Etat en Sciences politiques. Il a été attaché de recherche au CNRS de 1980 à 1982, nommé à l’IEP de Lyon, puis professeur à l’université de Caen et de Paris VII. Il a pris sa retraite d’enseignant à la fin de l’année scolaire 2011.

Dans La Pensée 68, en 1985, il se fait connaître en critiquant des penseurs de l’après Mai 68 (Bourdieu, Lacan, Derrida, Foucault). En 1987, il devient chroniqueur à l’Express. Il a été éditorialiste à l’Événement du jeudi, à l’Express, au Point, puis au magazine Challenges.

Il est l’auteur du texte sur la laïcité à l’école adopté en 2004 par l’Assemblée nationale. Depuis 2009, il est membre du Comité consultatif national d’éthique. Il est membre également du comité prospectif de Vivendi Universal, ancien membre du Conseil économique et social, et membre du club Le Siècle.

Il définit la philosophie comme une doctrine du Salut (sotériologie), un ensemble de réponses proposées aux grandes questions existentielles. Elle nous invite, selon lui, à trouver par nous-mêmes les réponses à ces questions au lieu d’accepter l’enseignement d’autorité des religions. Elle n’est pas seulement une réflexion critique ou une rhétorique séduisante, mais bien une recherche de sagesse.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages qui connaissent un vif succès. Parmi eux , « Apprendre à vivre – Traité de philosophie à l’usage des jeunes générations » (2006 – Prix Aujourd’hui ) , La sagesse des mythes Apprendre à vivre II (2008), « La Révolution de l’amour – Pour une spiritualité laïque » (2010), « L’invention de la vie de Bohème, 1830 – 1900 » (2012), « L’innovation destructrice » (2014), Sagesses d’hier et d’aujourd’hui (2014) – Chroniques du temps présent (2014). Mythologie et Philosophie – collection Le Figaro/Plon en 20 volumes (2015). Ses livres sont traduits dans plus de 30 pays.

Il est aussi chroniqueur au Figaro et à Radio Classique.

Langues d’intervention: français

L’actualité de Luc Ferry

 

Aout 2021 – Ulysse est enfin arrivé à Ithaque, la cité dont il est le souverain légitime. Tout en dissimulant son identité, il rejoint le palais pour découvrir les manœuvres incessantes des prétendants au trône. Avec l’aide de quelques compagnons triés sur le volet, dont son fils Télémaque, à qui il révèle sa présence, Ulysse va patiemment organiser sa reconquête du pouvoir. Et sa revanche sera sans pitié..

Octobre 2021 – Luc Ferry publie “Les 7 écologies”. 

Luc Ferry revient en détail sur chacun des sept mouvements écologiques actuels, leurs origines historiques, politiques et leurs objectifs.

22 décembre 2021 – Luc Ferry publie “Histoire de la Philosophie pour les nuls”

22 décembre 2021 : Interview de Luc Ferry dans le Figaro 

Pourquoi la décroissance serait catastrophique ?

Contrairement aux écologistes qui pensent que la crise sanitaire est une crise écologique et que pour la résoudre, ils veulent appliquer des mesures de décroissance, Luc Ferry pense tout simplement le contraire. Une politique de décroissance serait une catastrophe pour la planète car les 8 milliards d’humains qui peuplent la planète ne pourraient survivre sans l’utilisation de technologies de pointe.

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11 octobre 2022 : interview de Luc Ferry

par Jean-Michel Dardour, Fondateur de Sense pour Agency

Cette année, vous nous proposez des sujets extrêmement actuels, la 3e révolution industrielle, les 7 écologies, la révolution de la longévité, entre autres. Faut il avoir peur de la révolution transhumaniste qui est inexorablement en marche et comment cette 3e Révolution industrielle, celle des NBIC, de l’intelligence artificielle va t-elle changer nos vies ?

Dès qu’on évoque le mot « transhumanisme », la loi de Godwin tend à s’appliquer de manière quasi-automatique. De bonnes âmes, dans les gauches anticapitalistes comme dans les droites illibérales, hurlent à l’eugénisme, pour ne pas dire à l’hitlérisme, fantasmant ce qu’aurait de néo-libéral ou d’antireligieux, donc, disons le mot, de « diabolique », le projet d’augmenter la longévité humaine. Que ce projet suscite des interrogations est légitime et mérite qu’on s’y arrête. Les sagesses anciennes, stoïcisme et bouddhisme notamment, sont a priori hostiles à tout ce qui pourrait modifier la logique de la  nature et des âges de la vie, la spiritualité laïque des Modernes étant au contraire favorable à la lutte contre le vieillissement. Il vaut donc mieux comprendre de quoi il retourne vraiment avant de céder aux réflexes pavloviens qui prévalent en général sur ce sujet, et pour y parvenir, il est préférable d’écarter les caricatures simplistes. J’avais dans mon livre, La Révolution Transhumanisme, déjà proposé un type-idéal du transhumanisme en précisant notamment ce qui le distingue des fantasmes posthumanistes selon lesquels nous pourrions un jour parvenir à l’immortalité, télécharger notre mémoire et notre personnalité sur une espèce de clef USB, fabriquer un cerveau composé de neurones artificiels engendrant une véritable conscience soi, voire une nouvelle entité non biologique douée de pensée et d’émotions humaines –  autant aberrations  qui ne relèvent pas du transhumanisme, mais de ce qu’on devrait décrire plutôt comme un « posthumanisme », une déviation fantasmatique à mon sens sans grand intérêt par rapport au projet de fond qu’elle tend à occulter. Pour le définir, je retiendrai trois idées fondamentales : 1) Compléter la médecine thérapeutique par une médecine augmentative ou « méliorative ». 2) Augmenter la longévité en bonne santé, lutter contre le vieillissement, voire en inverser certains aspects pour retarder la mort et donner à l’humanité la possibilité d’être le cas échéant moins bête, moins inculte et moins sauvage qu’elle ne le fut au XXème siècle encore. 3) Compléter la lutte contre les inégalités économiques et sociales par la lutte contre les inégalités naturelles. On dira qu’il s’agit d’eugénisme, et les bonnes âmes de pousser à nouveau des cris d’épouvante devant le mot tabou. En l’occurrence, il ne s’agit pourtant que d’améliorer le sort d’humains moins bien lotis au départ que d’autres en passant « de la chance au choix » (from chance to choice), en clair : de passer de la très injuste et hasardeuse loterie naturelle au libre choix de la modifier par la volonté humaine. Le projet transhumaniste se situe donc à l’exact opposé de l’eugénisme exterminateur des siècles passés : il n’est nullement question d’éliminer les plus faibles, mais au contraire de réparer les injustices qui nous sont infligées par une nature dont la principale caractéristique, en dehors de son caractère profondément inégalitaire, réside dans une indifférence totale à tout ce qui nous touche et nous affecte.

Nous sortons d’une crise sanitaire qui a succédé à une crise sociale ( Gilets jaunes ), et nous vivons une crise environnementale, une crise démocratique ( entre 50% et 65% des français ne vont plus voter, 43% des jeunes ont voté pour des partis extrémistes ) Parallèlement à ces crises, nous sommes à une période charnière de rupture profonde. La modernité, c’était un progrès croissant, la raison, l’individualité : Aujourd’hui sont remis en cause tous les grands modèles économiques, financiers, environnementaux, idéologiques, politiques, qui sont à réinventer.Que pouvons nous apporter à cette reconstruction ? A cet immense défi ? Que pouvons nous proposer ? face à cette révolution numérique, face à cette rupture temporelle , cette accélération démographique ? ( il y a 10.000 ans nous étions 10 Millions d’habitants sur la terre, dans 20 ans nous serons peut-être10 milliards, que faire face à l’accélération technologique, l’accélération financière ? 

Il faut pour se rassurer lire le récent ouvrage de deux auteurs canadiens, John Ibbitson et Darrel Bricker (« Planète vide », Les Arènes, 2020) qui démontrent en s’appuyant sur les recherches les plus récentes en matière de démographie, le caractère inexorable de la décrue de la population mondiale.  Selon leurs conclusions, elle ne devrait jamais dépasser les 8,5 milliards d’individus, à peine plus que son montant actuel, avant de redescendre vers les 5 ou 6 milliards. Comme cette prévision contredit tout ce que nous disent les écologistes depuis un demi-siècle, il est bon d’étudier de près leurs arguments avant de se faire une opinion. Selon leur étude, la stabilisation, puis la baisse de la population seraient liées à trois lames de fond planétaires : l’urbanisation qui fait bondir le coût du logement et de l’éducation des enfants, l’affaissement du pouvoir des religions un peu partout dans le monde malgré l’entrée en résistance de l’islam (une réaction qui en est du reste la conséquence), mais plus encore l’émancipation des femmes : « Plus une société s’urbanise, plus les femmes ont le contrôle de leur corps, moins elles choisissent d’avoir beaucoup d’enfants. Dans la majorité des pays occidentaux, comme aux États-Unis et au Canada, 80% de la population vivent aujourd’hui dans des villes où les femmes bénéficient d’une maîtrise presque totale de la procréation ». On objectera aussitôt que ce qui vaut pour les occidentaux n’est pas vrai pour le reste de la planète. Pourtant, comme le montrent nos deux auteurs faits et arguments à l’appui, « la baisse de la fécondité n’est pas réservée aux seuls pays développés. L’urbanisation et l’autonomisation des femmes sont des phénomènes mondiaux. Nous savons que la Chine et l’Inde sont au seuil de remplacement ou même en dessous. C’est aussi le cas d’autres nations émergentes : le Brésil (1,8), le Mexique (2,3), la Malaisie (2,1), la Thaïlande (1,5) ». Certes, les taux de natalité sont encore très élevés en Afrique et dans certaines parties du monde arabo-musulman, mais la tendance générale n’en est pas moins à la baisse. Jorgen Randers, un des scientifiques co-auteurs du fameux rapports Meadows qui, en 1972, alertait sur les dangers d’une surpopulation qu’il jugeait inéluctable, avoue avoir changé d’avis et rejoindre désormais le même point de vue que nos deux canadiens : « La population mondiale n’atteindra jamais 9 milliards assure t il aujourd’hui. Elle culminera à 8 milliards en 2040 puis commencera à baisser ». Dans le même esprit, un rapport de la deutsche Bank publié déjà en 2013 prévoyait un pic de 8,7 milliards en 2055, puis une baisse à 8 milliards à la fin du siècle. L’ONU elle-même, sous l’influence de ces recherches, revoit ses prévisions à la baisse. La vérité, c’est que, par peur, à moins que ce ne soit par intérêt, nous refusons de voir que, dans 100 ans, le monde n’aura plus grand-chose de commun avec celui que nous connaissons. Dans un entretien accordé au « Point » en juillet 2020, Michael Shellenberger, l’un des fondateurs du courant écomoderniste, pointe le fait que les partisans de la décroissance n’ont aucun intérêt à se réjouir publiquement d’aucune bonne nouvelle, qu’il s’agisse de la baisse de la population mondiale ou, a fortiori, du nucléaire : « Ils font très attention de ne jamais crier victoire, même quand leur cause avance. De là leur malaise vis-à-vis de l’énergie nucléaire et plus généralement de la baisse des émissions de CO2 dans les pays développés depuis plusieurs décennies. Je dois vous avouer que cette question m’obsède depuis longtemps : si on a peur du changement climatique, pourquoi refuser la solution de l’énergie nucléaire ? Eh bien parce que cela réglerait le problème et qu’ils ne veulent justement pas régler le problème ! ». Même chose, bien évidemment, avec la surpopulation. Déconstruire les prévisions catastrophistes, c’est selon eux prendre le risque de rassurer, donc de démobiliser. C’est se rendre complice du capitalisme assassin, voire de ces adultes que Greta Thunberg accuse de vouloir laisser aux jeunes un monde digne de films apocalyptiques comme le « Soleil vert ». Avoir des doutes sur l’imminence du désastre, c’est aux yeux des décroissants être dans le déni, c’est être un négationniste, autrement dit, de proche en proche, si on suit le fil des insinuations, ne pas valoir mieux qu’un nazi. Où l’on comprend pourquoi, sur ces sujets que les passions politico-idéologiques ont rendus pour ainsi dire « radioactifs », un dialogue rationnel et argumenté devient difficile, pour ne pas dire impossible…

Les réseaux sociaux diffusent à flux continus les croyances de tout le monde où chacun crie le plus fort possible en essayant de détruire la croyance de l’autre. Au lieu d’un ordre en construction permanente y règne un chaos sans fin. 

Parallèlement nous assistons à l’accélération exponentielle de la connaissance : tous les 2 jours, on produit plus de data ( de données ) que l’humanité en a produites en 2 millions d’années. Il faudrait que nous arrivions à nous servir de cette technologie pour en faire un principe d’émancipation, une intelligence collective. Mais comment faire émerger une effusion de petites consciences ?

Avec les réseaux sociaux, n’importe quel individu, connu ou inconnu, dissimulé ou non derrière un pseudonyme, peut devenir n’importe quand et de n’importe où une « source d’information ». On est là aux antipodes de ce qu’on appelle dans la presse une « signature », un nom prestigieux figurant au bas d’un article qui garantit, sinon la véracité de ce qui est écrit, du moins la responsabilité de celui qui écrit, une responsabilité elle-même adossée à une notoriété suffisante pour qu’on sache à qui on a affaire. Or les réseaux sociaux deviennent la principale source d’information (si on peut encore utiliser ce terme…) pour un nombre sans cesse croissant de nos concitoyens.  50 % des Américains avouent ne s’informer que par Facebook et Tweeter, la presse traditionnelle, avec ses défauts mais aussi ses qualités incomparables, étant dès lors en grande difficulté. Sur les réseaux sociaux, contrairement à ce qui    a lieu dans les journaux, la désinformation et le mensonge ne peuvent pratiquement pas être poursuivis, la diffamation et la haine y étant devenu la règle sans qu’il soit techniquement possible d’y remédier, d’obtenir même un droit de réponse, les patrons de ces réseaux les considérant eux-mêmes comme de simples « tuyaux » neutres dont ils n’ont pas à assumer la responsabilité des contenus. Ajoutons que les algorithmes qui structurent les moteurs de recherche tendent à enfermer les utilisateurs dans leurs convictions en fonction des pages qu’ils consultent. On les cantonne ainsi dans ce qu’on appelle des « bulles de filtres » qui les renvoient à leurs habitudes intellectuelles ou consuméristes, habitudes dont on déduit leurs goûts et leurs valeurs afin de leur envoyer les contenus qui leur  plairont. Pas étonnant dans ces conditions que l’esprit critique s’estompe au profit d’un renforcement des préjugés de chaque internaute. L’insulte et l’injure tendent sans cesse davantage à remplacer la discussion argumentée. Pire encore, Google s’est rendu compte qu’il tirait beaucoup plus de profit des propos complotistes, racistes ou antisémites qui font le buzz, que des contenus raisonnables, vérifiés ou modérés. Google affecte de déplorer cette situation mais continue à défendre le principe de non intervention, la vérité étant qu’il y gagne en monnaie sonnante et trébuchante. Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, s’est bien engagé à mettre en place des systèmes anti-fakenews et à priver de publicité les sites les plus malfaisants, mais ces dispositifs relèvent davantage de la « com » que d’un efficacité réelle. Peut on contrer par la loi ces débordements insensés ? C’est ce qu’essaie de faire le Digital Service Act récemment adopté par l’UE. Je pense qu’il serait plus judicieux et plus efficace d’accepter enfin de lever l’anonymat sur les réseaux afin de responsabiliser ceux qui y interviennent. Cela obligerait chacun à assumer enfin ses propos ce qui changerait considérablement la donne…  

…..  Merci Luc Ferry !

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