Adrien Aumont

Le crowdfunding au coeur d'une révolution artistique

A l’invitation de Thinkers & Doers et en partenariat avec le JDD, entrepreneurs, créateurs et artistes ont débattu, à l’occasion des derniers “9 à 10” de la création et de l’innovation, des solutions pour soutenir artistes et entrepreneurs.

 
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Comment concilier art et argent, culture et financement? Depuis des siècles, les artistes du monde entier ont dû répondre à cette question, se heurtant aux contraintes économiques de leur temps et aux obligations que peuvent imposer ces mécènes en tout genre. Au point que l’artiste est aujourd’hui devenu un véritable entrepreneur. “Nous avons fait 15 films qui ont tous un modèle économique propre. Ils sont, en quelque sorte, tous des prototypes”, abonde le cinéaste libanais Khalil Joreige, invité à débattre de ce sujet central avec l’entrepreneur Marc Berrebi, agent de l’artiste JR, et Adrien Aumont, cofondateur de la plateforme de financement participatif KissKissBankBank.

 

Si l’intermittence a apporté un soutien non négligeable aux artistes, l’avènement du numérique change actuellement la donne dans un milieu en pleine mutation. Marc Berrebi résume : “Le secteur public est trop endetté et ne veut plus financer l’art. Les galeries ne soutiennent plus les petits artistes, ne les accompagnent plus. Les marques, qui ont besoin d’exister, ont donc envahi ce marché et ‘acheté’ de l’art”, à l’image de Louis Vuitton et Cartier et de leurs récentes fondations pour l’art contemporain à Paris. “L’économie des formes d’art est en train de changer et c’est intéressant : comment trouver sa place sans se perdre?”, interroge celui qui accompagne JR depuis plus de dix ans. Une des réponses apportées par Internet est incarnée par Adrien Aumont et KissKissBankBank. Depuis six ans, le site a réuni près d’un million de micro-donateurs et 54 millions d’euros pour plus de 75.000 projets. “Tout est financé très vite grâce au crowdfunding. L’idée et l’exécution prennent forme quasiment en même temps, ce qui est exceptionnel, note-t-il. En plus, on ne cherche pas à créer des retours sur investissement et des dividendes, mais un lien social.”

 

L’été 2015, l’artiste JR et Agnès Varda ont ainsi pu récolter 50.000 euros en court-circuitant les réseaux traditionnels de financement. Le tout en un mois à peine. “Des gens ont envie d’exprimer quelque chose qui leur tient à cœur et il faut pour cela une façon de le financer. Il y a un basculement du pouvoir qui passe de certaines autorités – le CNC, Canal+, Arte – au public directement”, se félicite Marc Berrebi. Une mutation qui ne se fait pas sans difficultés mais qui a le mérite de sauvegarder on ne peut mieux l’indépendance des artistes.

 
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