Prêtre tué: "Quand la menace se banalise, il faut banaliser la riposte" par Frédéric Gallois, conférencier SenseAgency

Le prêtre Jacques Hamel a été égorgé mardi lors d’une prise d’otages dans son église de Seine-Maritime à Saint-Etienne-du-Rouvray, un autre otage est entre la vie et la mort. Ce type d’attaque contre un lieu de culte chrétien était redouté en France depuis 2015. Explications.

 

Peu après 9h30 ce mardi, deux hommes équipés d’armes blanches pénètrent, en pleine messe, dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray en Seine-Maritime. Les deux assaillants prennent en otages cinq personnes qui se trouvaient à l’intérieur, tuent un prêtre et blessent grièvement une autre personne. A leur sortie de l’église, se retrouvant face à face avec des hommes de la BRI, ils ont été abattus. 

 

L’attaque a rapidement été revendiquée par l’organisation Etat islamique, dix jours à peine après l’attentat de Nice. Comment analyser cette nouvelle attaque sur le sol français qui touche pour la première fois une église? Décryptage avec Frédéric Gallois, ancien patron du GIGN.

 

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Les églises étaient-elles une cible prioritaire de l’organisation Etat islamique? 

 

Oui, les églises étaient une cible identifiée depuis un certain temps déjà. En avril 2015, Sid Ahmed Ghlam, un étudiant de 24 ans, est soupçonné d’avoir voulu attaquer au moins une église de Villejuif. Sa correspondance avec un commanditaire présumé que l’on a retrouvée parlait clairement de viser une église. Nous sommes dans une guerre terroriste qui repose notamment sur un argumentaire religieux. Attaquer une église répond à un aspect stratégique: Daech a clairement appelé à s’en prendre à la communauté chrétienne, ce qui est déjà le cas dans un certain nombre de lieux de cultes en Irak.

 

Les églises faisaient-elles l’objet d’une protection renforcée? 

 

La menace était connue et les églises faisaient l’objet d’une surveillance particulière. Mais on ne peut pas placer des policiers devant chacune des 35 000 églises. Les forces de sécurité sont aujourd’hui en pleine saturation, ce qui ne permet pas d’élargir le nombre d’objectifs à sécuriser. Il va falloir trouver d’autres moyens de protection en renforçant la police municipale, en augmentant la puissance des sociétés de sécurité, en développant les réponses technologiques. Demain, ce sont des entreprises qui peuvent être touchées à leur tour, elles doivent être préparées. Quand la menace se banalise, il faut banaliser la riposte.

 

Après Paris et Nice, c’est maintenant une ville en région qui est touchée. Comment l’expliquer? 

 

C’est toute la stratégie de montée en puissance des actions de sidération. Après l’attentat de Nice il y a dix jours, et aujourd’hui, Saint-Etienne-du-Rouvray, on assiste à une accélération du rythme des attentats. Cela correspond au mode d’action de la guérilla: multiplier les attaques régionales et élargir la base géographique des cibles pour diffuser un sentiment d’effroi et d’anxiété. Nous sommes face à une volonté de propager plus largement la stratégie de la terreur à tous les Français. L’objectif est que la population se tourne ensuite vers l’Etat et qu’elle lui mette une énorme pression pour qu’il garantisse la sécurité, ce que le pouvoir ne peut pas faire tout seul. Les Français doivent prendre en compte cette menace et réaliser qu’ils ont tous un rôle à jouer.

 

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